Les Huit Circuits de conscience : une ressource connectée
Bien qu’ayant d’autres articles en cours, il me tenait à cœur de partager avec vous en ce début d’année une vision cosmologique de la conscience très éclairante qui rencontre un vif succès auprès de ceux à qui j’en parle, famille, amis, et auprès des étudiants, sensibles à la richesse du potentiel de connaissance de soi, d’aventure humaine et d’ouverture « universelle » qu’elle propose : il s’agit des Huit Circuits de conscience de Laurent Huguelit, titre également du livre qu’il a écrit chez les excellentes Mama Éditions en 2012.
Michael Harner et les études chamaniques
Ce sont les travaux de Michael Harner qui m’ont conduite à Laurent Huguelit à l’époque où mon bon sens pratique m’avait naturellement poussée à l’anthropologie expérientielle. La sagesse des Anciens aussi, eux qui définissaient le savoir comme le résultat de l’expérience une vision, qu’elle soit intérieure ou extérieure (oida, « je sais », est, en grec ancien, un parfait, c’est-à-dire un résultatif d’une expérience passée, c’est « je sais pour avoir expérimenté par ma vision »). Cette relation entre savoir et expérience vous paraît peut-être évidente, mais il fut un temps, encore pas très lointain, où la crédibilité d’un savant tenait à sa capacité d’accumuler des informations « avec objectivité », c’est-à-dire sans mouiller sa chemise (donc sans rien connaître avec intégration ... ni avec intégrité). Michael Harner a bien prouvé le contraire (les neurosciences et la physique quantique aussi) ! Pionnier et avant-gardiste dans l’application d’une méthodologie pratique, cet anthropologue américain est devenu le scientifique le plus reconnu au monde pour son expertise dans son domaine de recherche : les études chamaniques. Il a fondé il y a trente ans la très sérieuse Foundation for Shamanic Studies, organisation éducative à but non lucratif qui dispose de trois facultés américaine, européenne et asiatique, dont le but est d’étudier, d’enseigner et de préserver le chamanisme. Laurent Huguelit est l’un des enseignants de la faculté européenne. Lui-même praticien chamanique donc, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet et préface les livres de Michael Harner édités chez Mama.
Les 8 circuits de Timothy Leary upgradés
Le très haut-en-couleurs (psychédéliques, de préférence !) Timothy Leary est le premier à avoir conçu ce modèle open-source des huit circuits de conscience au milieu des années 1970, et Laurent Huguelit a considérablement upgradé le logiciel original. Loin d’être une structure figée, il s’agit d’un modèle plastique et souple, capable de (et fait pour) évoluer, que chacun pourra s’approprier à sa façon. Ce système est à la fois simple et très complexe (sans être compliqué) car interactif, dynamique, voire dialectique, chacune de ses composantes entrant en subtils liens et résonances avec les autres.
Les 8 circuits
Je mentionne rapidement quels sont ces 8 circuits : mon intention est juste que vous puissiez avoir connaissance de l’existence et un petit aperçu de ce livre, et savoir s’il est susceptible de vous intéresser. Si oui, je vous invite vraiment à vous le procurer car c’est un ouvrage multi-sens qui se lit, se relit et se rerelit … et, surtout, se pratique : c’est donc un outil très utile, « à mille lieues de la littérature fast-food que l’on jette après consommation », comme le dit lui-même Laurent Huguelit (p. 15).
Voici rapidement, donc, les bases de cette cartographie de la conscience (qui, bien entendu, n’est pas le terrain : à vous de voyager avec cette carte et votre GPS intérieur !) que je reformule à ma façon.
Le modèle s’organise en 2 fois 4 circuits : 4 circuits du « bas » que l’on peut appeler, selon ce qui vous parle, « terrestres », « physiques », « visibles », ou « ordinaires », et 4 circuits du « haut » que l’on peut appeler « supraterrestres », « transpersonnels », « métaphysiques », « invisibles », ou « non ordinaires ».
Le premier circuit, le « circuit racine » est celui de la conscience vitale : c’est le premier circuit que l’on expérimente en venant au monde, le circuit de la survie où il est vital de boire, manger, dormir etc …
Le deuxième circuit est le circuit « politico-territorial », qui celui de la « conscience émotionnelle ». C’est le moment où l’on prend conscience qu’on n’est pas seul au monde, en identifiant l’autre et soi (début de l’individuation). C’est une phase motrice au sens figuré (à partir du moment, où le deux apparaît, il y a mouvement de l’un vers l’autre, donc émotion) et aussi au sens propre (moment où le bébé se déplace). La conscience relative à « où je finis et où commence l’autre, où commence et finit mon territoire et celui de l’autre » apparaît.
Le troisième circuit est le circuit intellectuel où s’expérimente la conscience conceptuelle. Il se met en place au moment où l’enfant va à l’école, apprend à écrire, à calculer, à penser. Lorsque tous les circuits sont en harmonie, on développe alors notre propre façon de penser qu’on ne confond pas avec celle des autres (mais si le circuit 2 est dysfonctionnel, on va avoir tendance à imposer sa façon de penser à l’autre ou se faire imposer une façon de pensée extérieure).
Le quatrième circuit est le circuit socio-sexuel, qui soutient la conscience culturelle. L’individu s’insère dans la société à laquelle il appartient en lui apportant sa créativité (talents et procréation).
Vous vous dites peut-être qu’on a fait le tour de la question parce qu’après avoir son job, des enfants, une maison et un chien, qu’est-ce que la vie peut bien nous réserver de plus ?
Dans les sociétés traditionnelles, on ne devenait pleinement adultes qu’après avoir suivi des rites de passage parfois éprouvants : seul, dans le noir et le froid (ou la chaleur), sans boire et sans manger (circuit 1 coupé donc), on quêtait la vision, on cherchait à se brancher sur les circuits supraterrestres…
Le cinquième circuit est le circuit corporel, siège de la conscience énergétique. Mis en évidence scientifiquement par Einstein, il nous fait prendre conscience de l’équation entre matière et énergie : notre corps est de l’énergie densifiée. On explore ce cinquième circuit grâce au plaisir corporel et aux approches énergétiques (yoga, qi gong, médecine chinoise, etc…).
Le sixième circuit est le circuit psychique et de la conscience multi-dimensionnelle. De la même façon que, dans le circuit 2, nous découvrons que nous ne sommes pas seuls dans le monde visible, dans le circuit 6, nous découvrons que nous ne sommes pas seuls dans le monde invisible. C’est le circuit par excellence de l’expérience chamanique qui consiste à voyager dans les multi-dimensions.
Le septième circuit est le circuit mystico-religieux où l’on explore la conscience universelle. Lié au circuit intellectuel, il nous pousse à nous interroger sur notre universalité à tous, sur ces lois de l’univers qui nous relient. C’est le circuit spirituel par excellence où l’on expérimente « Dieu ».
Le huitième circuit est le circuit créateur, qui soutient la conscience quantique. C’est l’expérience ultime où l’on prend conscience que nous créons notre réalité personnelle au sein de tous les possibles.
Les compréhensions issues du passage dans l’ensemble de ces circuits se réinvestissent ensuite dans les circuits terrestres, modifiant ainsi les réalités des expériences matérielles.
Laurent Huguelit détaille, bien sûr, avec des représentations graphiques très claires, toutes les interactions entre les différents circuits, les multiples boucles de feed-back entre eux, les défauts et qualités de chaque circuit, les cas de sur- et sous-régimes, et donne même un aperçu de la méthode qu’il utilise, en tant que praticien chamanique, pour équilibrer le système dans son intégralité.
Le feed-back des 8 circuits
Les retours que je reçois de la part de ceux qui ont pris connaissance de ces huit circuits sont ultra-positifs :
- tous disent que ce système les aide dans leur (re)connaissance de soi
- certains l’utilisent également pour pouvoir communiquer plus facilement. L’un des points forts est le relativisme cognitif qu’il induit naturellement : il devient très simple d’expliquer à quelqu’un (ouvert à la communication, bien entendu) qui semble être en désaccord qu’en réalité, on voit les choses sous le prisme de circuits différents.
- d'autres, encore, l’utilisent pour «diagnostiquer » les déséquilibres (personnels ou collectifs !) et y remédier.
La citation préférée du livre
« Ce qui manque aux chamanes, c’est un zest de sagesse mystico-religieuse.
Et ce qui manque aux méditants, c’est une pincée de rock’n roll chamanique » (p. 164).
Bonne lecture ... et bonne pratique !
Odile Tresch
Liens :
Le site de Laurent Huguelit : http://www.outremonde.ch/
Le site de Mama éditions : https://www.mamaeditions.com/
Biblio :
Laurent Huguelit, Les Huit Circuits de conscience : chamanisme cybernétique et pouvoir créateur, Mama éditions, 2012.
Michael Harner, La Voie du chamane : un manuel de pouvoir et de guérison, Mama éditions, 2011.
Michael Harner, Caverne et cosmos : rencontres chamaniques avec une autre réalité, Mama éditions, 2013.